La Gazette du Sorcier - Edition Poudlard12

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Les carnets de Terry - L'Arbuste à baies givrées

 

 

La période de Noël est une période durant laquelle nous aimons offrir des cadeaux et nous faire plaisir. Et certaines plantes magiques nous fournissent les ingrédients à des produits qui peuvent justement nous apporter ces petits plaisirs.

Je poursuis mon voyage en Laponie, aujourd'hui, à la découverte d'une petite plante bien moins spectaculaire que la fougère flamboyante et à l'allure bien plus banale : l'arbuste à baies givrées.

À première vue, cette plante magique, qui peut atteindre environ soixante centimètres de hauteur, ressemble à de petits arbustes non magiques fournissant des baies particulièrement savoureuses comme les framboises ou les myrtilles. Celle-ci a cependant la particularité physique de ne pas perdre ses feuilles en hiver et de produire ses baies une fois les premières neiges tombées, des baies qui constituent une nourriture très prisée des Rennes Lentäviä.

Cet arbuste magique est une espèce endémique de la Laponie, mais on trouve certains spécimens dans d'autres régions froides proches de l'Arctique, comme en Islande, au Groenland, où ils ont probablement été transportés par des oiseaux et notamment par le cygne Ellájávri, ces derniers se nourrissant fréquemment de ses fruits et les disséminant après dans leurs excréments.

Comme les autres plantes ou arbustes à baies, celui-ci se reproduit grâce à ses fruits, qui sont le plus souvent transportés par les animaux. La graine, contenue dans la baie, une fois enfouie dans une terre propice à son développement, germe et à la fin de l'hiver une petite pousse verte apparait. Il lui faut alors trois années avant de pouvoir donner ses premiers fruits. Les conditions climatiques dans lesquelles cette plante magique vit a tendance à ralentir un peu sa croissance et, si une fois adulte, elle s'épanouit complètement dans les grands froids de l'hiver, ce n'est pas le cas lors des trois premiers hivers au cours desquels elle perd ses feuilles et meurt souvent si les conditions sont trop rudes.

Lorsque la plante est à maturité, elle fleurit à la fin de l'été, ce qui laisse la possibilité aux abeilles et autres insectes pollinisateurs de féconder ses petites fleurs blanches. Une fois fécondées, leurs pétales tombent et les bases des fleurs commencent à enfler pour laisser apparaître des baies en formation. Toutes les baies qui se colorent de teintes rosées avant les premières gelées et neiges ne mûriront jamais. En effet, pour que les fruits se gorgent de sucre et atteignent leur stade ultime, ils ont besoin de froid. C'est alors qu'ils prennent une teinte bleue, très pâle, et qu'ils acquièrent les vertus qui font que ces baies sont très recherchées par les sorciers.

Les sorciers lapons semblent connaître les propriétés magiques de ses fruits depuis toujours. De nombreux écrits anciens ont vanté les mérites de cette plante qui offre des baies aux pouvoirs énergisants. Les samis les ont toujours cueillis afin de mieux résister aux conditions climatiques difficiles dans lesquels ils vivent. Si le fruit parait être par nature légèrement glacé, le jus du fruit ressemblant plus à un granité qu'à un vrai liquide, il permet aux corps de résister au froid, et même à l'affaiblissement causé par des maladies ou des blessures.

Les mages botanistes ont découvert ces baies et leurs pouvoirs au XVe siècle et elles sont depuis mentionnées dans tous les bons manuels de botanique avancée. D'ailleurs, de nombreuses expérimentations de domestication de cet arbuste sauvage ont été tentées mais ont toujours échouées, les plants transplantés dans d'autres terrains et régions du monde ont toujours été stériles, probablement parce que de nombreux facteurs entrent en compte dans le développement de ces arbustes, et que tous ne peuvent être recréés simultanément et artificiellement.

Les arbustes à baies givrées sont présents dans toute la Laponie, y compris dans la région du Cap Nord, où les arbres se font très rares, et constituent un élément essentiel de cet écosystème fragile. Sans eux, de nombreuses espèces de créatures fantastiques ne pourraient subsister et des zones entières du territoire se retrouveraient sans végétation en hiver.

C'est pourquoi la Confédération Internationale des Sorciers a confié le monopole de la cueillette des baies givrées aux sorciers lapons. En effet, ils sont les seuls à pouvoir fixer les quantités à ramasser chaque année, quantités permettant à la plante de survivre. Un plant de baies givrées vivant en moyenne une vingtaine d'années, il faut laisser suffisamment de baies sur les arbustes pour les animaux et pour la reproduction de la plante. Une fois la cueillette effectuée, les baies sont vendues lors d'un grand marché international dans la ville suédoise de Kiruna, qui possède tout un quartier sorcier. Ce marché, se tenant au moment de l'équinoxe de printemps, est l'occasion de festivités importantes et voit des acheteurs du monde entier venir pour les baies givrées et les fruits de fougères flamboyantes.

Il existe deux productions principales parmi toutes celles nécessitant un approvisionnement régulier en baies givrées. La première de ces productions est la cosmétologie sorcière, qui est en plein essor depuis une cinquantaine d'années. Si les vertus fortifiantes des baies givrées peuvent être remplacées par des potions diverses, ses vertus régénérantes sont nécessaires à la préparation d'onguents anti-vieillissement de plus en plus prisés par les sorciers et sorcières, pour qui les marques du temps doivent être le plus longtemps repoussées et corrigées. De même, ces fruits sont aussi un des ingrédients principaux de certains baumes réparateurs, qui permettent notamment d'effacer les traces laissées sur la peau par certaines formes sévères de dragoncelle.

L'autre production qui utilise une grande quantité de baies givrées est l'artisanat des crèmes glacées. Tous nos lecteurs connaissent le célèbre glacier Florian Fortarôme, mais peu savent que celui-ci utilise dans toutes ses crèmes glacées et sorbets des baies givrées en petite quantité. En effet, celles-ci, lorsqu'on les presse donnent une sorte de granité, et non un jus liquide, qui ne fond pas mais reste légèrement glacé. Mélangé aux autres ingrédients, cela permet une meilleure conservation de la glace, et lui donne un aspect à la fois onctueux et givré.

De plus, le sorcier glacier italien de Rome dont la boutique s'appelle Al Gelato Sorpredente, a créé un sorbet aux baies givrées qui a le pouvoir de rajeunir l'apparence du consommateur pendant quelques dizaines de minutes, les principes actifs régénérants du fruit ayant été magiquement intensifiés dans la recette qui reste secrète.

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Commentaires

1. Le 20 déc. 2024, par Jemima Romney

En mon nom (et en celui de mes deux autres personnages, Joplin et Fiona), j'adore cet article consacré à cette plante, l'arbuste à baies givrées.

En vrai, les baies et toutes leurs propriétés, nutritives notamment, me fascinent. De plus, les baies sont très belles, en général, par leur forme ronde et harmonieuse, ainsi que par leurs divers coloris.

Pour en revenir aux baies givrées, cet article est, encore une fois, une merveille absolue. Tant par les informations avec une multitude de détails, que par les illustrations.

Je ne vais pas recopier mes commentaires précédents concernant les articles de Terry, mais je n'en pense pas moins !

Il va falloir que Joplin, en tant qu'apothicaire, se rende au grand marché sorcier international de Kiruna, et que Fiona, qui tient un tea room à Pré-au-Lard, puisse utiliser des baies givrées pour ses glaces et sorbets. Un voyage en famille ?

Merci infiniment à Terry Mitchell, grand reporter en Laponie, et là, je sais que je me répète, un recueil des articles pour la Bibliothèque, ce serait génial ♥️

2. Le 20 déc. 2024, par Nox De Leon

Je plussoie ce que vient de dire mon amie ci-dessus ! Terry et ses articles, ça va devenir une attente de chaque mois, c'est un gros challenge parce qu'avec tout ce que tu nous as déjà présenté, ça va être difficile de faire encore mieux ! Encore un article magnifique, plein de poésie, de détails, d'imagination débordante, avec toutes les illustrations qui vont avec, tout ce qu'on aime !

3. Le 30 déc. 2024, par Lylaee McNeil

Aaah, le dernier carnet... Je suis émue. J'ai lu le premier le jour de sa sortie (j'ai tardé à le commenter, pardon pardon) et je ne m'étais pas rendue compte que je m'y étais attachée. Le mois est passé, maintenant, et je prie pour que tu continues à nous raconter tes voyages, Terry ! La façon dont tu manies les mots est exceptionnelle et, Erwan, tes illustrations viennent remplir l'article en beauté, elles tombent au bon moment et sont toujours sublissimes.
C'est chouette de finir sur une plante si "noëllesque" !
J'ai hâte de lire tes prochaines productions Terry !
Merci pour ces carnets fantastiques !

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