Les carnets de Terry - La Salamandre Jääpala
Par Nathan le 1 déc. 2024, - Édition 226 - Lien permanent
Si les créatures et les plantes magiques sont bien souvent ignorées des moldus, elles ont parfois été à l’origine de mythes et de contes célèbres, sans que ceux-ci en aient conscience.
Mon voyage en Laponie m’a conduit dans une région de collines surmontées de pins et de lacs, dont la surface est gelée pendant près de six mois. Ces étendues d’eau renferment de petites créatures étonnantes, appelées Salamandres Jääpala.
Les Salamandres Jääpala sont de petits batraciens de cinq à dix centimètres, vivant principalement dans les eaux très froides des lacs gelés de Laponie, et s’aventurant parfois sur les sols couverts de neige situés à proximité. Elles tirent leur nom d’un mot finlandais signifiant « glaçon », ce qui en dit long sur leurs caractéristiques.
Avant d’évoquer plus en détails ces petits animaux, je vais vous faire part d’une légende qu’un vieux sorcier lapon, avec lequel j’ai un peu sympathisé, m’a raconté lors de mon périple.
Un mage très noir, que certains ont surnommé le Diable, ne supportait pas de voir les gens heureux. Il chercha à détruire ce bonheur par tous les moyens, et finit par créer un miroir magique très particulier. Même l’homme le plus beau ou le plus sage apparaissait comme un monstre dans le miroir. Tous ceux qui regardaient dedans voyaient les reflets d’un monde perverti et enlaidi, et par conséquent sombraient dans le désespoir et la tristesse, les coeurs des victimes étant comme gelés par ce reflet.
Les disciples du diable coururent à travers le monde pour montrer ces reflets déformés, qui accentuaient la plus petite tâche, le plus petit défaut de façon démesurée, au plus grand nombre. Voulant trouver les derniers récalcitrants refusant de plonger leur regard dans ce reflet, ils s’envolèrent très haut pour essayer de repérer tous ceux qui tentaient de se cacher d’eux, dans les endroits les plus reculés de la Terre. Soudain, alors qu’ils étaient haut dans le ciel de Laponie, un orage se forma et la foudre frappa le miroir qui se brisa. Était-ce un orage naturel ou l’ultime tentative de salut de sorciers résistant au mal ? Personne ne le sut jamais, mais les éclats de miroir retombèrent sur la Laponie comme une averse de petite grêle. Tout individu, toute plante, tout objet touché par un de ces fragments se transformait immédiatement en glace.
Les seuls débris de ce funeste miroir qui subsistèrent furent ceux qui étaient tombés dans les eaux des lacs. En effet, ceux-ci étaient bien trop petits pour geler instantanément le liquide dans lequel ils baignaient, mais ils étaient aussi incapables de se fondre dans celui-ci. Ils restèrent alors en suspension pendant des jours, des mois, prenant la forme de petites billes de glace translucide, de fines couches d’eau gelée entourant progressivement les minuscules morceaux de miroir. Cela dura jusqu’à ce que de puissantes aurores boréales apparaissent dans le ciel d’hiver, et entrainent un phénomène particulièrement mystérieux. Ces petites sphères s’ouvrirent alors, comme si elles avaient écloses, et donnèrent naissance à de petites salamandres bleues translucides qui avaient le pouvoir de geler tout ce qu’elles touchaient hors de l’eau.
C’est ainsi que naquirent, selon la légende, les premières Salamandres Jääpala.
Certains magizoologistes pensent que les Salamandres Jääpala sont issues d’une réaction magique particulière, comme les salamandres nées du feu, phénomène magique combinant une eau particulière proche de 0°C et la lumière et les ondes des aurores boréales. D’autres estiment que ces batraciens se reproduisent comme les salamandres non magiques mais que leurs oeufs ne peuvent se développer que dans des conditions climatiques particulières, ce qui fait que leur nombre reste très limité. Mais de plus en plus de magizoologistes pensent que la légende n'en est peut-être pas une, que les oeufs des Salamandres Jääpala sont bien les éclats du miroir magique originel, et que certains éclosent lorsqu’ils sont baignés par la lumière des aurores boréales. Selon cette hypothèse, le nombre d’oeufs diminuent progressivement et il se pourrait que cette espèce disparaisse dans quelques siècles.
Bien qu’elles aient une mauvaise réputation chez les sorciers lapons, à cause de cette légende et parce qu’elles gèlent tout ce qui entre en contact avec elles hors de l’eau, ce sont des créatures plutôt dociles et paisibles. Pour entrer en contact avec elles, quand elles ne sont pas dans l’eau, il suffit de se munir de gants en peau de dragon !
Elles passent la plupart de leur vie dans les eaux glacées des lacs de Laponie, se nourrissant peut-être de certaines algues, mais puisant probablement leur énergie du froid de l’eau glacée qui les entourent. Lorsqu’il fait très froid et que la glace de surface des lacs a été brisée, on peut alors les voir courir sur la neige, comme des lézards courant sur un mur de vieilles pierres sous le soleil d’été. Des sorciers ont réussi à en capturer à ce moment là mais, comme elles s’affaiblissent et périssent si elles ne sont plus directement au contact de la neige, ou d’une eau presque glacée, très peu ont survécu longtemps en captivité, même dans des aquariums, l’eau n’étant pas aussi pure que dans leur habitat naturel.
On estime que leur espérance de vie moyenne est de six mois, puisqu’elles dépérissent dès que l’eau des lacs se réchauffe. Il reste encore de nombreux mystères à élucider sur cette espèce, outre sa reproduction. En effet, si l’on connait les pouvoirs de la Salamandre Jääpala à geler ce qu’elle touche, on ignore comment cela se produit, et la difficulté à élever des spécimens en captivité limite les possibilités d’études approfondies. Il est cependant établi qu’elle peut être victime de sa propre magie, puisque, ce qui a longtemps été pris pour des sculptures de glaces faites par les lapons, en l’honneur d’une forme de divinités de la nature ayant pour forme des salamandres, n’est en fait que le résultat malheureux du contact entre deux individus hors de l’eau. Certes, les salamandres peuvent se toucher lorsqu’elles sont dans l’eau, mais dès qu’elles sont à l’air libre, elles gèlent tout ce avec quoi elles entrent en contact, y compris leurs congénères, ce qui a donné lieu à des statues de glace de couples de salamandres.
Ce mythe sorcier de la création des Salamandres Jääpala a inspiré un conte moldu très célèbre du danois Hans Christian Anderson, intitulé la Reine des Neiges, que je vous invite à lire ou à relire, et qui est loin de l'image véhiculée par ce que les moldus appellent le cinéma.
Commentaires
Je remercie l'explorateur et journaliste Terry pour ce magnifique article concernant les Salamandres Jääpala. Selon ce que j'ai lu concernant leur mode de vie, il serait difficile de les introduire dans la Valise. Ces salamandres de glace sont totalement à l'opposé des salamandres de feu que l'on connaît déjà !
Le conte du début de l'article avec le miroir brisé et le froid, la glace, me fait penser aux effets produits par les Détraqueurs, le froid et le gel qu'ils répandent tant physiquement que moralement.
Quant à la toute fin et à la corrélation avec le conte d'Andersen, La Reine des Neiges, je ne le connaissais pas ! Pour celui ou celle qui désire le lire, il est accessible dans son entièreté via un outil moldu ^_^
Et puis !! Les illustrations !! Encore une fois, elles sont sublimes ! Et elles s'intercalent bien agréablement entre les différentes parties de l'article. Merci beaucoup pour ce beau moment ♥️
Hooooo les salamandres de glace, mais qu'elles sont jolies ! Et comme ça me rappelle le sort glacius et un jeu que j'avais quand j'étais plus petite ! Encore une fois énormément de talent dans ces carnets de voyage de Terry, tant dans les illustrations que dans les textes , on les attend avec plaisir maintenant !
J'adore ces carnets ! On est toujours ébloui par de nouvelles créatures. Elles sont présentées de façon diverses, on n'est pas bombardé de faits et de données, ce qui rend ces articles si agréables à lire ! J'ai particulièrement aimé le conte qui débute ce carnet-ci et j'ai hâte de voir ce que me réserve les carnets qu'il me reste ! Merci de nous partager ton voyage, il semble tout bonnement passionnant !
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