Un millier de Père Noël
Par Nathan le 1 déc. 2024, - Édition 226 - Lien permanent
Le 6 décembre est fêté la St Nicolas, une tradition de Noël qui remplaçait le Père Noël. Mais il en existe dans toutes les régions d'Europe (les autres continents n'ayant pas exactement de traditions exploitables et précises sur ce sujet précis), selon le folklore et les coutumes de chaque pays. Les zones géographiques sont floues de nos jours, car ils s'agit de coutumes qui voyagent beaucoup, et qui dépendent, encore de nos jours, de notre attachement au patrimoine régional et à notre historique familial de célébration des fêtes. (Par exemple, selon les cartes, un bon quart de la France devrait fêter la St-Nicolas, ainsi que la Suisse, l'Allemagne et l'Autriche, alors que l'on observe des pratiques différenciées en fonctions des régions et même des villages. (Donc ne vous battez pas en commentaires pour savoir si les localisations sont exactes. Au contraire, parlez-nous de vos traditions !)
Et sans plus attendre, allons découvrir nos milliers de Père Noël.
St Nicolas - Est et Nord de la France, Allemagne, Belgique, Suisse
La St Nicolas est une fête traditionnellement fêtée à la place de Noël, qui est maintenant fêtée en addition avec le Noël que nous connaissons, après avoir été fêtée en addition avec un Noël plus religieux. Ce personnage est basé sur un saint de la religion catholique, mais il s'agit probablement d'une appropriation ou d'un arrangement entre une coutume païenne et l'église de l'époque.
En effet, il met en scène trois enfants (ou trois innocents, faites votre choix) qui se retrouvent prisonniers d'un certain Pierre Lenoir (VF) ou Peter Schwartz (VO) (les traductions sont éclairées par ici) qui se trouve être un boucher ou une sorte d'ogre à figure humaine qui les enferme dans un tonneau de sel pour les enfants et dans une cage pour les manger, afin de pouvoir en faire son repas ou de la viande séchée, encore une fois, libre à vous d'interpréter tout ça. Le St Nicolas, qui passe par là avec son âne, entend les appels au secours des personnes très mortes (la cohérence scénaristique est sympa, mais on va dire que le monsieur parle aussi avec les morts), se rend chez le boucher et lui demande à manger. Le boucher, cannibal mais pas bête, lui sort de la viande non-humaine, mais le St-Nicolas, pas bête non plus, désigne précisément le bon tonneau et lui demande trois petits salés (les trois gamins enfermés dans le tonneau). Prit de peur, le boucher cannibal s'enfuit, et St Nicolas ressuscite les morts avant de partir sur son âne.
En général, la célébration de la St Nicolas, le 6 décembre, se prépare la veille au soir, en posant une carotte, un verre de lait et des gâteaux dans une assiette devant la porte, accompagnés d'une de nos deux chaussures, brossée et lavée pour l'occasion. Au petit matin, la carotte aura été grignotée par l'âne, les gâteaux et le lait par notre bonhomme vêtu d'une mitre d'or, d'un long manteau et d'une crosse en spirale, et il aura laissé des cadeaux dans votre soulier.
Christkind - Allemagne et Alsace (un, ce n'était pas suffisant)
Les Allemands, non content d'avoir une figure traditionnelle de Noël, en ont en fait deux, voir trois selon la précision des légendes. En effet, selon l'interprétation qu'en ont fait les chrétiens allemands, les cadeaux sont offerts par le petit Jésus directement (qui se charge donc de la distribution des cadeaux le jour de son anniversaire) ou par un ange. Le nom Christkind se traduit par enfant-Christ, soit l'enfant Jésus ou l'enfant de Jésus, on ne peut donc pas avoir de réponse étymologique.
Cette tradition est en fait dérivée de la fête de la St-Lucie, célébrée le 15 décembre, pour supplanter la fête de la St-Nicolas, qui était païenne avant de se faire réapproprier. La légende raconte que Jésus, sous les traits d'une petite fille avec un voile blanc, amène les cadeaux le jour de Noël.
À cause de la guerre latente entre traditions, de nombreux évènements de Noël sont renommés pour réaffirmer le lien avec la religion, comme c'est le cas avec certains marchés de Noël, comme le Christkindelmarkt à Colmar en Alsace (littéralement marché de l'enfant Jésus) ou encore le gâteau originaire de Dresden le Christstollen, ou Stollen du Christ.
Befana - Italie
Son nom viendrait de la déformation du mot épiphanie en Italien, ce qui paraît...étrange puisque cette fête est une fête pré-religieuse. Il s'agit d'une sorcière avec un balai volant, qui déposerait des bonbons aux enfants sages dans la nuit du 6 janvier, et du charbon aux autres, dans des chaussettes accrochées à la cheminée.
Une autre hypothèse historique la relie aux anciennes fêtes romaines, tandis qu'une hypothèse religieuse indiquerait que la Befana était en fait une vieille dame qui refusa d'accompagner les rois mages aller assister à la naissance de Jésus, mais qui, prise de remord, décida ensuite de remplir un panier de gateaux et de gourmandises et de les chercher, puis de donner ces choses aux enfants qu'elle croisait.
Il ne faut pas confondre la sorcière Befana Romana, de son nom complet, avec une sorcière type halloween, car elle est une incarnation positive vêtue de vêtements traditionnels.
On l'accueille le 6 janvier, avec une soupe de haricot et une mandarine.
Ded Moroz - pays slaves
Aussi appelé Père Janvier ou Grand-père/Homme des neiges, il s'agit d'un vieil homme qui voyage accompagné de sa petite fille Snégourotchka, aussi appelée la petite fille de neige ou la fée des neiges. Il est à l'origine une sorte de sorcier maléfique de l'hiver, qui est plutôt connu pour enlever des enfants, les manger, saccager des choses, congeler des gens et faire payer des rançons en nourriture pour ses crimes.
Il est vêtu d'une cape magique, d'un long manteau traînant, de bottes et d'une canne magique, tout cela dans les tons bleus, argents et blancs. Il est ainsi plus l'avatar du Père Fouettard que du Père Noël, mais avec l'influence de la religion orthodoxe, sa figure et sa réputation s'adoucissent.
Sinterklaas - Pays-Bas
Origine du nom de Santa Claus (notre Père Noël actuel), il est en fait une traduction de saint nicolas ! Sinter=Saint et Klass=Klaus=Nikolaus=Nicolas (en français)
Trolls et lutins
Il existe aussi de nombreux mythes et légendes slaves et scandinaves et d'autres pays qui mettent en scène un ou plusieurs gnomes / trolls / lutins, qui se succèdent pour faire des farces tous les jours ou toutes les semaines de l'avent, que l'on doit supporter sans s'énerver pour se voir délivrer un cadeau. Il s'agit de figures farceuses et de la discorde bénéfique, qui aiment faire des farces (en gros des réincarnations de certains rouquins) généralement sans vouloir du mal, et dont il faut se prémunir un minimum mais sans les offenser. On peut aussi leur laisser des objets ou nourritures à la fenêtre, afin de les apaiser et de détourner les mauvais sorts.
Exemple: lutins de Noël, cohorte des sept trolls de Noël, certains tontes ou tomtes...
Et vous ? Une célébration à partager ?
Commentaires
J'apprécie beaucoup cet article qui met en lumière la diversité des traditions du mois de décembre, selon les pays, leur histoire particulière. C'est très intéressant de montrer qu'il n'existe pas "que le Père Noël" qui tient régulièrement la vedette.
Chez moi, en Belgique, tout comme dans plusieurs pays/régions germaniques, la fête principale des enfants, c'est la Saint-Nicolas, bien plus importante pour eux que Noël, même si les traditions changent avec l'influence anglo-saxonne.
Saint-Nicolas, c'est aussi Sinterklaas pour les enfants belges néerlandophones, tout comme aux Pays-Bas, puisque, jusqu'en 1830, la Belgique faisait partie des Pays-Bas.
Encore une fois, bravo pour cette belle bannière toute mignonne !!
Décidément, j'adore ces histoires et c'est amusant pour moi car justement j'ai fait hier une longue recherche dans ce sens pour le soldat de Noël que vous connaissez peut-être . Les illustrations sont comme toujours au top et les légendes magnifiques. Je constate qu'il y a tout un tas de variantes, certainement selon la tradition du bouche à oreille et des conteurs d'antan et c'est amusant de découvrir cette évolution.
Belle façon de présenter tous les "Père Noël" du monde ! Chaque pays a sa tradition, et c'est super chouette ! Pour moi, ça a toujours été la Saint-Nicolas/Sinterklaas et pas de Noël du tout ! Quoique, plus petite, on mettait quand-même un sapin.
J'apprécie de voir notre tradition mise en valeur, tant dans le Calendrier de l'Avent que dans la Gazette. On entend tellement parler de Noël, tout tourne autour à cette période de l'année et je me sentais un peu seule.
Quand j'étais enfant, à l'école, ils organisaient la "venue de Saint-Nicolas" et chaque enfant avait l'occasion de s'asseoir sur ses genoux pour y recevoir une mandarine ainsi qu'un paquet de bonbons. On faisait tout cela sur la chanson de la légende par Henri Dès ( https://youtu.be/94J6SjheH5s ). Quand je l'écoute aujourd'hui, je me dis que c'est un peu agressif haha. Toutes une bande de gamin.e.s de 4 à 7 ans qui hurlaient cela dans toute la salle, je vous laisse imaginer le fou rire des parents !
Aux Pays-Bas, ils ont même créer "Het Sinterklaas journal" (le journal de Saint-Nicolas) avec toutes les péripéties du saint et de ses "aides" pour convaincre les enfants de son existence. Il fait une grande arrivée en bateau fin novembre, dans une ville différente chaque année. C'est très impressionnant !
Ne connaissant pas du tout les autres traditions, j'ai pris grand plaisir à lire dessus également !
Merci pour ce bel article ! <3