Un conte de neige et de magie
Par Nathan le 1 déc. 2024, - Édition 226 - Lien permanent
Il y a de cela un bon millénaire, une plaine seulement se dressait à côté d'un grand lac. Une plaine vierge et vide, mais pas stérile. À sa surface, de petites lumières dansaient et se mouvaient, rebondissant sur l'eau du lac, dans lequel les étoiles se posaient.
Parfois, ce n'étaient pas des étoiles qui flottaient à sa surface ridée, mais de petits morceaux d'une blancheur de cristal et d'une froideur d'éther. Ils s’amarraient au liquide, formant des motifs complexes et gelés. À la surface de l'eau, de petites vaguelettes voletaient entre ces amas de glace, des petites volutes faites d'une chose impalpable et luminescente.
En certaines dates de l'année, ces volutes s'assemblaient en motifs complexes et s’érigeaient en cathédrales sur la plaine d'à-côté, inondant les alentours d'une magie sauvage et pure. Un matin, la plaine ne fut plus solitaire, couverte de neige. Quatre personnes, deux femmes et deux hommes, se dressaient dans ce lieu, aux quatre points cardinaux. Leurs capes flottants au vent, ils regardèrent la cathédrale de magie se construire seule. Les flocons, attirés par les volutes de magie, s'agglutinèrent en suivant les motifs, créant une seconde cathédrale de neige et de givre.
Alors, l'une des personnes couverte d'une ample cape couleur de miel leva les bras, avant d'annoncer aux trois autres :
‒ Par trois fois le givre s'élèvera, par trois fois il les sauvera. La quatrième et dernière fois verra accueillir un monde meilleur.
Gravement, les autres hochèrent la tête, avant de s'avancer d'un pas comme l'avait fait la femme avant eux, et de psalmodier la phrase tous en cœur. Ils ne le savaient peut-être pas encore, mais ils venaient de sceller à la fois leurs destins, mais aussi le destin tout entier de ce qui était encore des territoires celtes.
Les quatre figures majestueuses passèrent ainsi une grande partie de la journée à comprendre le processus magique derrière la somptueuse cathédrale invisible et mouvante. Les entrelacs gelés s'étaient déjà évanouis depuis longtemps, ce qui rendait l'étude encore plus dure. Ce fut, cette fois, une paire vêtue de bleu et de vert qui détermina la réponse à leur question sous-jacente. Ils venaient de trouver le lieu parfait, mais comment faire pour ne pas détourner l’afflux incroyable et indispensable de magie ?
Les deux compères prouvèrent de manière concise que la seule solution était de créer leur école suivant les plans érigés par les flux de magies multicolores et anciennes. Une école de magie faite de magie... Il n'y avait rien de plus vrai, décidèrent-ils.
La construction fut ainsi beaucoup plus rapide qu'escomptée, puisque les quatre bâtisseurs devaient suivre des plans préétablis.
Néanmoins, quelques surprises eurent lieu lors de la construction, comme les brusques sauts et mouvements de certains segments de magie. Le mage vêtu de rouge régla rapidement le problème, en introduisant des escaliers dont le placement n'obéirait qu'aux sauts de la magie.
La dernière pierre du château posée, les quatre s'affalèrent dans l'herbe enneigée. Des sourires étiraient leurs lèvres, tandis que la joie pétillait dans leurs regards. Leur école.
Peu à peu, l'école se fit un nom et les flux de magie creusèrent des veines de pierres dans les poteaux et piliers. Chaque hiver, à la même date, ils se réunissaient tous à l'endroit où tout avait commencé, observant les évolutions de leur projet, mais aussi de la cathédrale de givre, qui maintenant, à défaut de courir le long des atomes de magie, recouvrait l’entièreté de ses facultés cognitives.
Un hiver après l'autre, le tenancier devint un confident pour les quatre sans distinction, aussi fut-il le premier au courant lorsque tout fut sur le point de s'écrouler. C'était un soir de décembre, pendant lequel tout allait s'effondrer. Le rituel, bien plus significatif qu'utile. Ils n'étaient malheureusement plus que trois.
Le rituel exigea sa contrepartie, et ils ne pouvaient que supposer que tous le supporteraient, cette blessure profonde dans les traditions. Comment donc la prophétie pouvait-elle s'allumer, exprimer ses souhaits et seulement les siens ?
" Patience, patience, demain tu le sauras."
Commentaires
J'aime beaucoup les histoires et j'ai adoré ce conte ! La transposition de la fondation du château de Poudlard sous cette forme hivernale est bourrée de sensibilité, d'imagination, et, bien sûr, de magie !
On reconnaît parfaitement les sorciers fondateurs par de petites touches délicates.
Alors, ce ne sera pas la première fois que je l'écrirai, mais la bannière est somptueuse ! Merci Hermione et Erwan pour ce très beau moment, ce très bel article ♥️
Quelle histoire magnifique tellement dans l'ambiance de Noël et tellement pleine de magie ! Je me lève tardivement ce matin (pour moi) et je trouve ce dimanche propice à la magie et votre histoire y contribue. J'adore ces bougies jaunes et j'ai hâte de connaître la suite du conte. Finalement, je ne suis pas mécontente d'avoir commencé le calendrier "en retard", parce que je ne suis pas patiente, et au moins, n'aurai-je pas à attendre la suite de l'histoire !
J'ai toujours été une grande fan de contes. J'aime en écrire pour expliquer ce qu'on connaît ou pour créer une addition à un monde déjà existent. Mais j'aime encore plus en lire, quand c'est écrit par des personnes avec une réelle imagination et un talent avec les mots ! Du début à la fin, tout est si beau, si bien. Je suis ravie de voir qu'il y aura une suite et j'ai bien hâte de la lire. Merci pour ce bel article !