Demain, c'est la rentrée.

Ce simple constat retourna la pièce. Tous les professeurs se regardèrent, sidérés. Enfin, tous les professeurs qui résidaient à Poudlard pour les vacances, et qui étaient plongés dans des activités diverses et variées, qui impliquaient tout sauf leur travail. Travail qui reprenait le lendemain. 

Mais si demain était le jour de la reprise des cours... Cela signifiait que le Poudlard Express allait partir dans quelques heures ou quelques minutes en direction du château. 

Ils avaient du ménage à faire. Beaucoup, beaucoup de ménage. Entre la dernière soirée mousse des professeurs, le petit-déjeuner qui n'était pas encore terminé et les vestiges du bar à tapas (mais pas que) sauvage des membres du personnel dans les couloirs, ils avaient de quoi s'occuper pour la journée. 

Mais puisqu'une nouvelle déprimante ne vient jamais seule, certains professeurs l'accompagnèrent d'une nouvelle catastrophique. 

- Je n'ai pas fini mes programmations !

- Les cours de demain ne sont pas rédigés ! 

- La cafetière a disparu ! 

Des exclamations fusèrent, et ce fut le début de la fin dans la Grande Salle. Rien n'était prêt, ni propre, ni rangé, et personne ne pouvait plus se droguer à la caféine. Mais tout allait bien, c'était le premier jour de septembre. 

Dans le bureau du directeur, un mystérieux chapeau sursauta. (Si tant est que les chapeaux sursautent) Réveillé de sa sieste, il harangua les tableaux, qui avaient vraiment augmenté le niveau sonore. Entre deux potins sur des rapprochements entre une gravure et la plus belle peinture à l'huile du troisième étage, il parvint à entendre la date du jour. Se figea de sa pointe à ses coutures. Le premier. Septembre. 

Le. Premier. Jour. Du. Mois. De. Septembre. 

Le fameux jour de la répartition. Le fameux jour où il chantait la chanson du Choixpeau, différente chaque année et composée pour l'occasion. 

Le jour où il chantait cette chanson qu'il n'avait pas encore composé ni appris.

Le Choixpeau pria pour que les commères de peinture aient mal compris la nouvelle. Manque de pot, l'absence de neurones ne jouait apparemment pas sur la qualité de l'ouïe. 

Bon. Il lui restait quelques heures, c'était déjà ça.

À des centaines de kilomètres de là, des tas d'adultes plus ou moins responsables étaient pris dans la frénésie de la rentrée. Entre ces parents d'un village sorcier, qui n'avaient pas entendu le charme de réveil, et qui couraient maintenant en peignoir pour fermer malles et valises et emmener leurs enfants à temps dans un joli train, ces parents moldus pressés qui couraient dans un grand magasin coloré en attrapant ça et là des trousses et des cahiers, et d'autres encore qui tentaient de persuader leurs enfants de "range ta chambre pour être prête pour quand tu reviendras de l'école" ou encore de "prépare ton sac pour demain, tu n'oublieras rien comme ça", la Grande-Bretagne toute entière, voire même l'Europe dans son ensemble, semblait prise d'une sorte de folie furieuse. 

Il s'agissait d'une magie ancienne, un charme qui enlevait les derniers restes de sable dans les chaussures et de coquillages dans les poches, qui éloignait la chaleur et les crèmes glacées, pour attirer l'automne dans le monde et les enfants sur les chaises en bois. 

Un sortilège qui remplissait l'air de formules bien connues : "la chaise a quatre pieds", "le mur n'a pas besoin de toi pour tenir", "range donc ça", "tu es encore en vacances non ?". Un sortilège qui libérait aussi les parents de la garde de leurs enfants, les enfants de leurs parents et le voisinage des batailles de tout et n'importe quoi. 

C'est une magie ancienne qui est à l'œuvre, un vent de folie qui souffle uniquement les premiers jours de septembre. 

Faites attention, il pourrait bien vous atteindre... Si vous souhaitez le reconnaître, ne vous en faites pas, car ses maîtres mots sont : 

"Hein, quoi?! Déjà ?"