La Gazette du Sorcier - Edition Poudlard12

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Au Japon aussi, HP change des vies

Spoiler :  Article version texte :
{

En ce moment, j'ai envie de voyager, mais ne pouvant pas signer d'attestation de déplacement en portoloin, je me contenterai d'une évasion par l'écriture et de vous partager ça. J’avais envie de mettre un coup de Lumos sur le parcours de la saga dans le Pays du Soleil Levant. J’aurais pu parler des chiffres de vente, du fait que le premier film soit l’un des plus gros succès dans l’histoire des salles japonaises. J’aurais pu aussi mentionner toutes sortes d’événements, comme l’avant-première de l’Ordre du Phénix à Tokyo, l’ouverture du second parc à thème Harry Potter à Osaka et du studio à venir à Tokyo, ou bien de l’exposition « A History of Magic » qui posera ses valises dans la capitale ainsi qu’à Kobe.
Mais en faisant mes petites recherches, je me suis rendu compte que le pays de Mahoutokoro avait quelque chose de plus incroyable encore à offrir. Plus qu’un parc, plus que les 19 tomes qui composent la saga au Japon : une histoire, celle d’une deuxième femme dont le succès du Survivant a changé le destin.

Yuko Matsuoka avait une carrière d’interprète de trente ans derrière elle, sans jamais avoir traduit de livre dans la langue de Murakami. Elle vient alors de perdre son mari, la laissant avec une compagnie d’édition, Say-Zan-Sha Publications, dans une situation financière catastrophique. Sans soupçonner qu’à l’autre bout de la planète, une autre femme au parcours difficile va indirectement lui tendre une main salvatrice.

En fin d’année 1998, des amis britanniques lui font découvrir le premier tome. Et, pour cette quinquagénaire très sérieuse qui n’avait jamais rêvé lorsqu’elle était enfant de faire de la magie, cette lecture est un choc. C’était différent de tout ce qu’elle avait pu lire. Elle le dévore en une nuit et veut absolument le publier sur l’archipel nippon. Une maison d’édition japonaise plus importante avait certes entamé des négociations avec Bloomsbury, mais Yuko Matsuoka n’en démord pas et contacte personnellement l’agent littéraire de J.K. Rowling. Son enthousiasme lui permettra de remporter ce qui sera pour elle une véritable pierre philosophale. L’autrice le lui confiera lors d’une de leurs rencontres : dans la vie, rien n’est aussi important que l’enthousiasme.

Elle entama ce travail de traduction avec passion. Lors de sa première lecture, dira-t-elle plus tard, elle entendait parfaitement la manière dont le japonais pouvait retranscrire l’œuvre de J.K. Rowling. Et si la langue japonaise permet plus facilement de transposer des termes étrangers que d’autres langues, il lui faut tout de même déployer des trésors d’ingéniosité pour rendre justice à l’histoire de l’Élu. L’accent provincial de Hagrid devient ainsi un accent rural japonais, tiré du dialecte de la région de Tōhoku. Les BUSE, ou OWL en version originale, sont également appelés les fukurō (traduction japonaise de « hibou »). Enfin, la version japonaise de « Vous-Savez-Qui » signifie de manière astucieuse « Celui dont nous savons tous deux que nous en parlons, mais qu’on ne peut pas mentionner ». Elle mène également un travail de recherche original, se rendant par exemple dans un hôtel britannique pour en apprendre davantage sur le knickerbocker glory, une glace mentionnée dans le livre. Le résultat final est salué par les critiques parmi les meilleures traductions existantes.

Mais ce n’est que la première étape. Une fois le livre imprimé, le combat de Yuko Matsuoka continue. C’est grâce à elle que Harry Potter à l’école des sorciers échappe dès sa sortie à la seule catégorie des livres pour enfants à laquelle on le cloisonnera longtemps dans de nombreux autres pays. Elle avait la conviction que cette histoire peut toucher des gens de tous âges, et força la main des libraires pour acquérir un stock en conséquence. Et si ceux-là exprimaient des réserves sur le succès d’un livre étranger, elle insistait davantage. Et les ventes lui donneront raison : plus de 200 000 ventes en un mois pour le premier tome, et 600 000 pour la Chambre des Secrets.

En avril dernier, la maison d’édition célébrait le vingtième anniversaire de la saga dans la baie de Tokyo, en présence de l’éditrice et traductrice historique. Yuko Matsuoka est désormais une personnalité reconnue du monde littéraire japonais. Élue femme de l’année en l’an 2000 par Nikkei Woman Magazine en supplantant de nombreuses célébrités, sa compagnie d’édition s’est largement redressée de ses épreuves passées. Elle demeure également très active dans la communauté Harry Potter et initia en 2009 une conférence à Paris sur les traductions de la saga. En compagnie de son nouvel époux, elle instille désormais un peu de Poudlard dans le château bourguignon de Saint Germain du Plain, transformé en maison d’hôtes.

J’espère que vous aurez trouvé son histoire aussi inspirante que moi : celle d'une histoire qui rencontre le destin d'une femme à l'autre bout du monde, et qui finit par voyager avec elle, au fil des mots, comme sur un Nimbus 2000.

}

 

Partager : Partage

Commentaires

1. Le 1 mars 2021, par Matka

Oh ! Je n'avais jamais entendu parler de cette histoire, mais elle est fait partie de ces parcours touchants que j'entends parfois autour de Harry Potter et qui me rappellent que la magie n'existe pas que dans la saga. Merci pour ce partage !

2. Le 5 mars 2021, par Meiling Ling

La photo est magnifique, et l'histoire inédite a mes petits yeux, et je me demande mais comment tu as pu bien pu tomber là-dessus en tout cas chapeau c'est une très belle histoire.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Fil des commentaires de ce billet

© 2009-2022 Poudlard12.com :: Propulsé par Dotclear