Les Elfes de Maison, des créatures parcourant par centaines les couloirs du château. Mais invisible cependant. En effet, qui dépose vos valises dans vos salles communes lors des rentrées ? Qui lave vos culottes sales ? Qui prépare ces fastueux repas que nous dévorons, quand les Poufsouffle daignent nous en laisser un peu ? Oui, ces petits êtres font bien des choses au sein de Poudlard. A juste titre ? Sont-ils payés correctement ou exploités sans aucune vergogne et se devant de masser les orteils de la Direction en échange de Poudre de Mandragore ? 

Voilà les questions qui se sont posées dans mon esprits, pendant que d'autres roucoulaient charnellement au travers d'une salle de cours vide. J'ai donc pris l'initiative d'en apprendre un peu plus sur les elfes peuplant Poudlard et me suis rendu dans leur fief permanent : les cuisines. Le tout armé d'un bloc-notes et de ma fidèle plume à papote, prêt à dénoncer un mode de vie sauvage au yeux du monde. 

C'est donc après avoir grattouillé la poire du tableau donnant accès aux cuisines du château que je peux m'incruster difficilement dans le passage apparaissant derrière cette nature morte. Une fois à l'intérieur, je vois pour la première fois les monumentales cuisines. Là, dans cette salle, des centaines de petits êtres s'activent rapidement à diverses tâches. Certains s'occupent de l'amas de vaisselle ne tenant surement qu'à l'aide d'un sortilège, d'autres s’attellent à émincer divers légumes sur les longues tables prenant place au centre de la pièce et imitant celles se trouvant dans la Grande Salle. 
Quelques petites têtes se tournent alors, posant des yeux globuleux au possible sur moi. Le fait qu'ils ne m'accordent alors aucune importance illustre bien leur considération pour nous autres sorciers. Néanmoins, je ne m'arrête pas à cela et essaye de trouver une créature disponible. Et ce fût bien le cas d'un d'entre eux, assis nonchalamment sur un banc, une choppe presque aussi grosse que lui, à la main. 

"Excusez moi, bonjour ! Je suis journaliste à la Gazette du Sorcier et j'aimerais vous posez…."

Ne me laissant le temps de terminer ma phrase, l'elfe pousse un banc en ma direction, signe de m'asseoir, et visiblement aussi de la fermer lorsque j'entends celui-ci prendre la parole. 

"Hum… J'imagine que vous êtes présent afin de soulager votre conscience. Vous faire sentir mieux après avoir dénoncé notre mode de vie pitoyable. Et bien détrompez vous, nous nous sentons parfaitement bien ici. Vous allez pouvoir dormir en paix, Monsieur"

Interloqué par le ton inquisiteur de la créature, je n'en reste pas moins courtois et acquiesce. Néanmoins, je ne compte pas m'en tenir qu'à ça, mon article se doit d'être un brin plus étoffé. 

"Très bien… Donc, pouvez vous me raconter la vie d'Elfe de Maison à Poudlard ? Une journée type."

La créature étouffe un rire aigüe que je ne saurai interpréter. D'autres elfes se retournent vers nous, sans pour autant s'arrêter dans leurs affaires. 

"Monsieur, ne tournez pas autour du pot. Vous voulez les gossips ? Très bien. Cependant, je mérite une somme plus que conséquente pour prendre ce risque…"

C'est donc après avoir versé les 5 noises convenues que l'elfe se fait plus bavard.

"Vous savez, notre vie ne se résume pas qu'à rester ici à faire valser les assiettes à travers le plafond pour vous nourrir, non. Je dois dire que nous sommes relativement bien traités à Poudlard. Bien sûr certains périodes sont moins simples, comme les périodes de fêtes par exemple. D'ailleurs, Twinky n'a visiblement pas tenue le coup…"

L'elfe pointe un doigt tordu vers un de ses congénère au coin de la salle. Seule, la créature bouge dans tous les sens, une flasque de ce qui semble être de la Bierraubeurre à la main. La déduction se fait rapidement.

"Oui, il y en a qui supporte un peu moins la pression. La pauvre… Elle qui venait tout juste de reprendre goût à la vie après la disparition de son compagnon…"

J'hausse un sourcil, choqué par la nouvelle. Je tends la tête un peu plus vers la créature l'invitant a en révéler un peu plus.

"Ils s'étaient rencontrés au détour d'un couloir. Mais au début, ils se tournaient simplement autour, vu que Giggles, son compagnon était déjà maqué avec une autre elfe assignée à l'Infirmerie. Mais, suite à l'étrange démission de celle-ci, les deux elfes se sont officiellement offert une chaussette à chacun. On raconte même qu'elles venaient de la réserve personnelle de Monsieur Bates."

L'elfe prend maintenant un air grave et pose sa choppe dans un bruit qui lui semble fracassant 

"Mais un jour, Giggle a été chargé de nettoyer les sous-sols. Il n'en est jamais revenu. Transfert ? Fuite passionnelle ? Nous ne le saurons jamais…" 

J'observe d'un coup d'œil ma plume à papote qui rédige précieusement chaque mot de ces révélations. J'invite alors l'elfe à continuer

"Moui, Monsieur la vie d'elfe de maison n'est pas de tout repos."

La créature zieute alors en direction d'un autre elfe attablé une table plus loin, semblant nous observer. Voyant alors nos regards se poser sur lui, celui-ci retourne immédiatement à sa découpe de carotte. Je me retourne vers l'elfe et l'incite à parler

"Oh ça ? C'est relativement compliqué voyez vous… Pour vous la faire courte, il semblerait que monsieur ici présent, était en couple avec une certaine elfe assigné à une famille de sorcier du Yorkshire lorsqu'il a décidé de commencer à être un peu plus familier avec moi si vous voyez ce que je veux dire…"

Je vois bien, et je frémis aux pensées qui me viennent à l'esprit. Déjà que surprendre Alexeievna et son fantôme viking n'était pas chose aisée à oublier… 

"Croyez le ou non, mais l'autre là-bas, s'est refusé de me le dire et c'est là que tout à commencé. Pour tout vous dire…"

La créature s'interrompt brusquement avant de sauter de son banc et quitter notre point de rencontre. Celle-ci s'empresse alors de rejoindre un groupe d'elfe de maison un peu plus loin, me laissant là, déconcerté et sur ma faim. Je préfère alors quitter l'endroit accompagné de mon bloc-notes bien rempli par ma plume. Peut-être referais-je un tour prochainement pour connaître la fin de cette histoire, ou peut-être en ai-je assez entendu finalement…