La minute du singe. ]Oui, vous avez bien lu. La minute du singe. Ne savez-vous donc pas que le singe est l'espèce la plus évoluée après la nôtre ? Voyons... Rouvrez vos livres de SVT et relisez bien votre leçon sur l'évolution de la race humaine... ! Arrêtez donc votre racisme, vos ancêtres étaient des singes. En gros, vous avez du sang de singe dans les veines, alors respectez les et écoutez ce magnifique animal !

D'ailleurs, le voilà. Vous êtes dans la Grande Salle, lors d'une de ces journées monotones où vous avez la flemme de faire l'immense chemin qui sépare votre bouche de l'assiette, alors vous restez là, assis à la table, sans toucher à votre nourriture et vous discutez de tout et de rien avec votre ami ... quand soudain, apparait aux portes de la grande salle un bien étrange élève. Il sort de l'ombre - vous voyez l'intensité de ses poils vous monter aux yeux et une détestable mauvaise odeur emplir vos narines. Vous froncez les sourcils. Soit vous avez une mauvaise vue, soit vous faites ça par dégoût. On ne sait pas, c'est un mystère qui restera toujours caché au fond de nous. Vous voyez les traits de l'inconnu devenir clairs. C'est un singe. Il sourit. 

Habillé de ses habits cools et décontractés qu'on trouve partout chez ces jeunes, il rajuste ses lunettes de soleil et s'en va au centre de la salle. Il sort de sa poche un haut-parleur et une banane. Et il engloutit l'haut-parleur, et approcha la banane de ses lèvres, pour enfin prononcer son mystérieux discours d'une voix... animale. 

« Chers frères et sœurs en race... Je suis venu ici comme messager de la race des singes... »

Il emploie directement ses grands mots, celui-là ! Serai-ce la réincarnation de Victor Hugo, ou de Molière ? Le mystère restera caché, vous n'osez pas lui demander. Ce doit être une importante personnalité chez lui. 

« Cette race qui vous adresse un message d’amour et d’amitié. Oui, chers frères et sœurs ! Dieu a fait de notre race des espèces très proches, et c’est uniquement pour qu’on s’entende bien. »

Il commence à vous énervez avec ses "chers frères et soeurs". Allez-vous lui dire que vous êtes fils unique ? Vous n'osez pas. Vous avez aussi envie de lui dire que les singes et les hommes ne sont pas si proches, mais évidemment, vous n'osez pas...

« Soyons un exemple dans cette vie, soyons amis. Ainsi, je vous demande un traité de paix, à vous, les sorciers ! Ces imbéciles de moldus ont gueulé comme des malades : "Un singe qui parle !!!" jusqu’à n’avoir plus de salive, et ils ont finis par se dire que ce n’était qu’un rêve à mon départ. Vous croyez que je devrai revenir ? Enfin, bref… Je continue mon noble discours. »

C'est certain, c'était un ancien auteur très connu dans son ancienne vie. 

« En signant ce traité, vous vous engagez à ne plus condamner notre population à ces infâmes cages zoogique, à ne plus leur jeter de la nourriture (respectez les écritaux, bon sang !), et à ne pas les capturer pour de quelconques fins ténébreuses. »

Il marque une pause, vous êtes suspendus à ses lèvres. Il tourne en rond dans la pièce, sous les yeux des professeurs, de Lust Caféine, d'autres membres du personnels, et vous, les innoncents élèves, et il poursuit :

« Vous devez respecter notre race, ô frères et sœurs, en nous fournissant des habits corrects adaptés à notre corps et en nous laissant pratiquer vos métiers et passer nos diplômes tout comme vous pratiquez vos métiers et passez les vôtres. Vous devez aussi nous construire des écoles spécialisées pour nous, et nous permettre le mariage entre humain et singe. Nous devons avoir les mêmes droits que vous. »

Là, vous osez. Et vous vous levez pour gueuler, à la manière de Lust quand elle n'a pas sa dose de caféine :

« Mais tu ne vas pas bien dans ta tête, vieux singe ! Jamais, JAMAIS, mes Bensimons ne seront adaptés à vos horribles pieds... !

- Arrêtez donc vos singeries ! », cria le concierge en vous poussant à votre place. 

Le singe sourit, sans rancune visible, puis, à la manière de l'acteur d'une pièce de théâtre, il s'exclame :

« Instaurez la paix entre nos deux races rapprochées ! Ne faites pas venir la guerre et la haine entre nous ! Partagez vos biens, et nous partagerons, j’en jure par mes poils, toutes nos bananes avec vous... ! Voilà, c’est fini. Servez-moi un café, s’il vous plait, mon discours m’a donné soif ! Et une part de gâteau, tant que vous y êtes ! »

Par Britanny Sereng, illustré par Vitali Tea.