Madame Irma êtes vous là ?
Par Judith Dixon le 1 août 2021, - Édition n°189 - Lien permanent
Peut-être avez-vous d'ores et déjà remarqué ce silence pesant qui s'impose dans chaque couloir, chaque pièce, dans les salles communes ou encore dans la Grande Salle ? Du moins, pour ceux qui n'ont pas pris la direction de la Grèce en compagnie de la direction. Pour ceux qui ont préféré hiberner au château, vous avez bien sûr remarqué le bonheur de découvrir un si beau lieu non pollué par ces personnes qui... respirent.
Ce que vous ne savez pas encore, c'est que même en appréciant personne, la solitude devient ennuyante à force. Parlez tout seul, ou votre mâchoire va tellement prendre l'habitude de ne plus s'activer que vous ne pourrez probablement plus jamais parler. Sérieusement, levez la tête, les tableaux sont eux aussi en pleine hibernation, vous n'avez qu'à les réveiller de leur sieste interminable, et vous aurez enfin trouvé quelqu'un à qui raconter votre adorable petite vie.
Le plus intéressant quand même - parce qu'il faut bien occuper ses journées pendant que vos camarades profitent du soleil de la Grèce - ce serait de retrouver madame Irma, qui se cache dans le château, pour vous lire votre avenir. Madame Irma ayant bel et bien décidé de venir prendre quelques semaines de vacances dans ce château beaucoup trop silencieux, c'est l'occasion parfaite de provoquer cette rencontre qualitative. Au final, on pourrait se demander si elle n'est pas cousine de Dracula pour vouloir s'enfermer dans l'ennui aussi longtemps.
Des cachots, à la tour d'astronomie, à la volière, vous semblez déjà avoir vérifié chacune des pièces de cette école, sans trouver cette rencontre tant espérée. Bande de nouilles, vous avez oublié de fouiller le seul endroit ou une personne - soi-disant - seine d'esprit pourrait s'enfermer pour passer quelques semaines de tranquillité assurée, et surtout, sans avoir besoin d'écouter l'un de ses élèves qui regrette déjà de ne pas être parti en vacances... le placard à balais.
Bon d'accord, ça en fait beaucoup dans tout le château, mais les efforts justifient la fin. Ou presque. Quelques trentaines d'heures plus tard, et après avoir trouvé un placard si bien décoré que vous avez vite compris que certains l'utilisent durant certains périodes de leur vie - tristesse, déni, colère... - la voilà !
Alors qu'elle vous observe de ses grands yeux fatigués, quelques mots sans aucun sens - du moins à premier vue - sortent de sa bouche, vous étant adressés. À ceux qui déchiffreront ses quelques mots sous forme de rébus (clique pour accéder au rébus), je vous offrirai peut-être un demi-quart d'un des cookies d'Alicia.
Peu importe, dans tous les cas, alors qu'elle semble reprendre conscience, s'approchant de vous à pas de géant, elle attrape vos épaules de ses mains à la fois ridées et visqueuses, qui vous feraient recracher votre dernier repas.
« Avez-vous déjà entendu cette citation de Frank Durand ? Le regret me prouve que je ne suis pas dans la bonne direction. Dommage pour vous, vous auriez compris que vous étiez en pleine période de regrets... vous auriez définitivement dû suivre le reste du château en Grèce. Quel dommage... »