[Informations] Ils voulaient changer le plomb en or
Par Clara Badaboum le 1 juin 2012, - Edition n°80 - Lien permanent
Minuit l'heure du crime ! Non, en fait, non. C'était plutôt 19h l'heure
du crime ce jour-là. Une fin d'après-midi calme et paisible, une
journée tranquille s'achevant, et un cri retentit. Le meurtre sanglant
d'une pomme de terre récalcitrante. Ou alors, celui de Snaïla,
l'actuelle apprentie maîtresse des potions, touchée en plein cœur par
les douces paroles d'Adrian Mander. Une déclaration d'amour ? Non, vous
n'y êtes pas. Plutôt l'élément déclencheur de la Troisième Guerre
Mondiale.
« Une option d'alchimie en sixième année ? Vous plaisantez monsieur Mander.
- Comment ? Répondit ingénument Adrian. Pas du tout voyons. Si je plaisantais, j'aurais mis un ou deux smileys... »
On aura connu casus belli plus retentissant, mais le gant était jeté
(ndla : quel gâchis !). L'alchimie, domaine réservé des maitres des
potions, se trouvait menacée de devenir autonome. Après une suggestion
malicieuse de partager l'enseignement de cette discipline entre
plusieurs professeurs, puisque l'alchimie, domaine grandiose et
complexe, rassemblerait selon les dires de certains, un nombre
incalculable de matières différentes, le coeur de la Concierge se serra
à cette nouvelle menace. Cela ne se passerait pas ainsi !
Si Coconut et Snaïla étaient expertes dans l'art de mettre la gloire en
bouteille, elles n'avaient ni l'envie, ni peut-être la capacité,
d'enfermer leur fierté en flacon. Alors que les enseignants potentiels
commençaient à faire le siège du bureau de Lust, Coconut glissa
nonchalamment à la Directrice lors d'un repas :
« J'ai beaucoup d'appréhension concernant le recrutement... L'alchimie est un art subtil, et les charlatans sont légion...
- Ah ? Et vous avez sans doute une idée pour les dévoiler ?
- Je n'y avais pas tellement réfléchi à vrai dire... Mais maintenant
que vous m'en parlez, je pense qu'une preuve de leurs aptitudes devrait
être requise. Et par aptitude, j'entends... talent.
- Oh, en effet, je vois. Cela pourrait se faire éventuellement, les
calendriers commencent à se décharger, le ministère n'a pas encore
envoyé les nouvelles directives quant au blanchissage des dents de
Sombrals.
- Parfait ! Je voyais plutôt quelque chose d'incontestable, qui corresponde aux critères d'exigence élevée de notre école... »
Lust jeta un œil autour d'elle à la table des professeurs, cherchant du
regard des traces d'exigence chez la clique hétéroclite et bruyante
chargée d'assurer les cours.
« Euh oui je suppose. Mais dites-moi, vous avez quelques vagues notions d'alchimie, non ? Que proposez-vous ?
- De vagues notions ? Manqua de s'étouffer Coconut. Bien davantage...
et bien à vrai dire, je pensais à une réalisation alchimique permettant
de transformer le plomb en or. La pierre philosophale, vous avez sans
doute entendu parler ?
- Oui, en effet. J'ai suivi des cours moi aussi Mademoiselle Dynamite.
Bien, entendu, nous ferons ceci, je vous enverrai mon phénix pour plus
de détails. Bon fin d'appétit à vous. »
Lust se leva, laissant Coconut à son pudding. Ainsi, un deuxième gant
en était jeté, mais toute l'histoire ne s'arrêta pas là. Rien ne put
empêcher les rouages de la machine de se mettre en marche, même pas les
idées novatrices de Percivale, qui, en idéaliste convaincu, proposait
de refondre le système pour intégrer l'Alchimie. Ni même le pudding du
jeudi soir qui apaise les différends autant que les fringales. Rien
n'était assez puissant pour vaincre la détermination.
Les professeurs les plus souterraines du Château n'avaient plus qu'à
s'atteler à la dernière étape de leur entreprise, la plus ardue :
Reproduire elles-mêmes la pierre philosophale pour l'emporter lors du
recrutement.
Lust avait fourni aux postulants les plus prometteurs le matériel et
les locaux suffisants pour mener leurs propres expérimentations, tant
et si bien que le Château embauma bientôt d'une odeur de salpêtre et de
soufre. Des chargements de plomb arrivaient quotidiennement à la gare
de Pré-au-lard. Les élèves, en pleines révisions, croisaient souvent
leurs professeurs dans les couloirs, dans le parc, toutes échevelées,
courant d'un côté ou d'un autre, pour ramasser l'ingrédient miracle qui
les feraient réussir. Leurs longues capes noires s'ornaient de tâches,
tombaient en lambeaux, leurs mains disparaissaient sous une épaisse
couche de poussière couleur boue et un dragon aurait pu se lover
confortablement dans leurs cernes. La Poufsouffle, d'ordinaire si
gourmande, ne mangeait plus qu'un rôti tous les deux jours, et Snaïla
ne touchait plus que les vieux grimoires dénichés dans les recoins les
plus sombres de la Réserve. Hélas, rien n'y faisait.
Leurs concurrents ne ménageaient pas leurs efforts non plus : les
cuisines furent pillées de tous leurs chaudrons, obligeant les elfes à
utiliser une batterie de casseroles moldues ramenée par Julia. Un
concurrent particulièrement désespéré tenta de tricher, mais le gobelin
de Gringotts embauché pour le jury ne fut pas dupe.
Poudlard12 était devenu, à bien des titres, une poudrière. Qui peut
dire ce qui joua le rôle de l'étincelle ? Toujours est-il que les
Cachots mis à disposition par la conciliante directrice furent réduits
en poussière, condamnant la Salle Commune des Serpentards et piégeant
les vaniteux prétendants au siège entre les gravats.
Et devinez qui, d'un autre monde, assis confortablement et sirotant
gaiement une boisson dorée, riait aux éclats ? On le disait immortel,
mais le fou rire devant l'absurde eut raison de Nicolas Flamel.
Article de Lysane Swan avec la collaboration de Crok Mitaine, illustré par Hikari de Chantraine.
Commentaires
Magnifique histoire j'ai adoré!! Bravo à Lysane Swan!