J'envoie cet article à la Gazette comme on envoie une bouteille à la mer. Méninge, mon fidèle hibou, n'ayant pas réussi à te retrouver, pas plus que les chouettes du service postal sorcier ou les 7 détectives que j'avais engagés, je ne vois pas d'autres solutions. 

Nos regards s'étaient croisés et nous avions immédiatement su. Les briques rouges de la gare King's Cross mettaient ta chevelure blonde en valeur, le soleil réfléchi par les chromes brillants de la locomotive éclairait tendrement ton visage. La fumée et l'odeur de charbon me piquait les yeux, mais c'est voir tant de beauté qui m'a fait verser une larme. 

Beaucoup pensent que Gringotts n'est pas le plus romantique des endroits, mais ce jour-là un parfum d'Amortentia flottait dans l'air (pour moi tarte meringuée, plastique fondu et géranium). C'est à ce moment que nos regards se sont croisés. Tu n'étais pas tout à fait mon genre, un nez trop long peut-être, des lunettes et des ongles peu soignés, mais quand ton regard a capturé le mien j'ai oublié tous ces détails. 

On pouvait nous entendre parler épargne, compte courant et taux de change, mais si l'on sait décrypter le langage corporel le sujet de cette discussion était bien différent. Pas de phrases ampoulées, pas de déclarations niaises, pas de mots vides de sens que l'ont utilise si souvent pour parler d'amour. Seulement des sentiments à l'état pur. 

Seulement notre amour était impossible. Je n'étais qu'une Née-Moldue, une Sang-de-Bourbe, une moins que rien, tes parents n'auraient jamais accepté cette union. Nous nous étions donnés rendez-vous dans 10 ans. Peut être que les mœurs s’assoupliraient avec le temps, peut-être que je gagnerais une place dans la communauté sorcière, que mon statut d'aurait plus d'importance, peut-être que tes parents changeraient d'avis, peut-être que le mariage inter-espèce serait autorisé. 

Nous voilà 10 ans plus tard, mon Gobelin. J'ai attendu dans le Hall de Gringotts, comme convenu, toute la journée, sans trace de toi. J'ai interrogé les guichetiers, les banquiers et même le directeur pour savoir ou tu étais, en vain. Ne pas connaitre ton nom n'a rien simplifié. 

Voilà 10 ans que je t'attends, 3 mois que je te cherche, si tu lis la Gazette cela n'aura pas été vain. J'ai laissé mes coordonnées aux rédacteurs, contacte-les. Contacte-moi. 

Ta pupuce.