Pots-de-vin et vins en pots.
Par Lysane Swan le 17 févr. 2010, - Édition n°53 - Lien permanent
La presse désespère, pas d’énormes affaires judicaires scandaleuses à titrer. Plus que quelques procès pour des broutilles, vols, détournements, ...
On en regretterait presque la chute de Voldemort.
Mais à
Corruption au ministère ; département justice magique.
Vous qui suivez quelque peu l’actualité, vous rappelez-vous de l’affaire Westphail ? Petit rafraîchissement de mémoire !
Janvier 2010. Effervescence de la rentrée.
Tout le monde se remet au travail après les vacances de Noël dont la grande boutique Fleury & Bott, connue de tous. Quelques jours après cette rentrée, une plainte est déposée par les gérants du magasin. Une de leurs employées, Mlle Armina Westphail aurait détourné de l’argent. La jeune vendeuse et caissière n’aurait ni plus ni moins empoché les trois quarts de l’argent des livres qu’elle vendait. Le pot-aux-roses a été découvert et une enquête a été menée. Enquête qui n’a soit-disant pas aboutie ! A cette époque, les journaux en ont fait leurs choux-gras et l’honorable enseigne a été traitée de tous les noms. Mais finalement la jeune femme est-elle aussi innocente que la justice le prétend ?
Dans notre pays, il est tabou de remettre en compte les décisions judiciaires, mais nos journalistes ont découvert les dessous de l’affaire Westphail et ne compte pas la passer sous silence.
Figurez-vous que la demoiselle n’est pas innocente pour le moins du monde. Mais dans ce cas-là, pourquoi a-t-elle été acquittée ? C’est ce que nous avons cherché à découvrir.
Après de nombreuses recherches, fructueuses pour la plupart, nous sommes enfin en mesure de vous révéler le fin mot de cette affaire.
Revenons-en au procès.
Salle d’audience numéro 52.
La cour des « petites » affaires comme on la surnomme au Ministère est réunie pour rendre son jugement. Après quelques minutes d’interrogation et un petit quart d’heure de concertation, la cour déclare l’accusée non-coupable et abandonne les charges qui pesaient sur elle.
Les gérants de Fleury & Bott quittent la salle, et le ministère, avec grand fracas, pestant contre l’administration. La jeune fille, elle aussi, n’a pas traîné dans les couloirs du département judiciaire et s’en est vite allé une fois son acquittement prononcé, ou du moins, c’est ce que l’on a vu. Les juges n’ont pas voulu répondre aux questions des envoyés de presse, prétextant telle ou telle chose à faire. La plupart des journalistes présents se sont précipités sur leur plume pour rédiger un papier pour la prochaine édition de leurs journaux respectifs. Mais notre envoyée, elle, a flâné autour de la salle, surprenant une étrange conversation entre la jeune vendeuse, que tout le monde avait vu partir et le président de la cour. A cause d’un sortilège, les paroles n’ont pas pu être entendues. Mais notre journaliste a très bien vu Armina donner une bourse pleine de Gallions au président.
Alors, nous pouvons l’affirmer. Il y a eu corruption. Tout le laisse à penser : cette étrange conversation, la rapidité du procès, l’absence de témoignage des juges présents ... Et s’il y a eu corruption, c’est que cette accusée avait quelque chose à se reprocher. Donc qu’elle était coupable. Cependant, là n’est pas l’essentiel. Que cette femme soit coupable ou non, il y a plus grave. Ces pots-de-vin versés aux juges sont la preuve que le système judiciaire de notre monde va mal. Et n’allez pas croire que cette affaire est un cas isolé ! On dénombre ainsi une dizaine d’acquittement sous fond de corruption depuis 2008, dont celui en vins. Un accusé avait corrompu un juge avec des vins en pot. Les pots-de-vins se font en vins, maintenant !
Enfin, même si ces situations semblent cocasses, elles sont graves. Si même la justice commence à dérailler, comment pouvons-nous espérer un avenir sans houle dans notre pays ? Il faut ouvrir les yeux sur les cas de dérive du pays et réagir. Commencez par solliciter une audience au ministre.
Article par Lysane Swan, Illustré par Amy Tremblay.