[Le scarabée] Un crapaud qui avait du chien
Par Lune le 28 août 2015, - Edition n°119 - Lien permanent
Un peu comme dans les contes pour enfant, une vilaine sorcière vit au sein de notre château, transformant d'un coup de baguette et pour son simple plaisir, des gens en crapaud (ou autre forme, selon ses envies). Ce fut l'accueil que je reçus de la Rédactrice en Chef de la Gazette du Sorcier et ma future tortionnaire.
Malgré ma petite taille et mes collègues qui rouspètent de toute la bave que je laisse derrière moi, j'ai pu obtenir un poste d'observation privilégié. Pas au sein de la direction ou de la salle des professeurs, mais dans la salle de rédaction du journal directement. En vrai, je n'ai jamais réussi à quitter la pièce, les pattes de batraciens n'étant guère adaptées aux poignées de porte. Mais soit, de part ma situation, j'ai pu observer pas mal de choses. Je vous fait part de ce que j'ai pu découvrir.
Chloé Yang pour commencer. Une artillerie de fouets et d'instruments de tortures à faire pâlir Christian Grey sont exposés, à la fois comme menace d'un éventuel traitement ou comme solide moyen de motivation pour son équipe de photographe. Certains aiment ça. A votre avis, pourquoi William Jones est à la Gazette depuis si longtemps ? Il aurait d'ailleurs tenté l'expérience de domination en devenant Photographe en Chef lui-même, avant de revenir à son poste de soumis. Et il le fait bien. C'est le premier à remettre toutes les illustrations demandées.
D'autres, au contraire, ont compris l'astuce pour éviter toute punition particulièrement douloureuse. Ne jamais se montrer. C'est le cas de Sheila Brooks qui brille par son absence. Ou encore Ginny Workey, arrivant seulement en fin de mois pour jeter un coup d'oeil, envoyer ses illustrations et disparaître aussi vite. Le petit nouveau par contre, n'a absolument rien pigé. Trop heureuse d'avoir une victime sous la main, Chloé l'a enchaîné au mur de la salle de rédaction et le fouette quand l'envie lui prend de frapper quelqu'un. A mon avis, Maddy ne sortira pas vivant de cette salle.
Du côté des rédacteurs maintenant. Un peu comme l'oeil de Sauron, Alexeievna veille au grain, tout en mangeant les réserves de bonbon des autres en faisant croire que c'est le Pousfouffle de l'équipe qui est le goinfre et voleur du groupe. Mais nous la laissons faire, dans l'espoir qu'elle n'ait plus faim et ne va pas mettre ses menaces de nous manger à exécution. Et puis, en même temps, son bouc émissaire n'avait qu'à pas avoir le mot « gro(s) » dans son nom aussi. Pour compenser l'épaisseur de son nom, Faris écrit, propose des idées, demande des avis, cherche à être conseillé, parle, mange, discute, grignote, etc... Bref, c'est celui qui a déjà ses trois articles écrits avant la moitié du mois.
Ce qui n'est pas le cas de Partison. Premier à réserver les rubriques ou des idées d'articles mais le dernier à se manifester pour montrer ses oeuvres. Faisant grumeler les autres se demandant bien sur quoi ils vont écrire désormais. Xania arrive après le 15 et se demande bien pourquoi tout le monde a déjà réservé des titres ou des rubriques avant elle. Elle a d'autres postes et occupations qui demandent sa présence ailleurs dirons-nous pour l'excuser. En tout cas, à l'heure où je cogite mes idées depuis ma place, je n'ai toujours pas d'indices sur le contenu de ses futurs articles.
Calixte, par contre, est bien présente depuis le début et regarde les autres de haut en silence en buvant du thé vert mais affichant sans cesse une petite moue perplexe. Je pense qu'elle juge d'abord de la qualité des autres avant de dévoiler son propre jeu, arrivant à la fin du mois personne ne peut plus rien dire (on n'aura même plus le temps de lire ses articles, la Gazette sortant le lendemain ou presque). Et puis bon, tant qu'elle a sorti le nombre d'article que le minimum légal lui impose, on ne peut rien lui reprocher.
Venons à Melody désormais. Je croyais à la base qu'elle était chanteuse d'Opéra avec un nom pareil. Mais sa voix a surtout été entendue quand elle a découvert sa nouvelle apparence pour son bizutage. Un cri d'effroi et d'horreur mêlé à des injures envers le fautif direct (aka Faris). Pas de chance, avec sa bouche édentée, elle était également chargée de faire de la pub et vendre le concept que chaque bisou est une chance. Avec sa tête, c'était difficile d'y croire. Trop complexée par son apparence, elle est désormais dans un centre de chirurgie esthétique et tente de retrouver son ancienne physionomie. Désormais sous certificat médical, nous ne l'avons désormais plus revue. J'espère quand même qu'elle ne va pas disparaître totalement, j'ai un article à écrire en commun avec ma collègue.
Et puis il y a moi, faisant partie des derniers torturés recrutés. Je tente d'écrire au mieux sous ma forme de crapaud afin de mettre fin à mon maléfice. Après un rapide (enfin... en considérant la vitesse d'un crapaud j'entends) tour de la salle de rédaction, il est possible de voir bien des caractères et des modes opératoires différents. Sous les menaces de tortures ou tendances cannibales, chaque membre de la Gazette tente de trouver sa place et de faire son boulot du mieux qu'il peut. Ce n'est pas facile de trouver des idées qui peuvent plaire à tous, de mettre des mots sur nos cogitations et écrire suffisamment bien pour ne pas endormir le lecteur avant la fin. Les photographes doivent user de multiples ressources afin d'obtenir le meilleur rendu de leurs illustrations. Autant que nous sommes, nous essayons de faire au mieux et je pense que nous pouvons devenir une très bonne équipe afin de créer une belle Gazette chaque mois. Et je le dis car je suis un crapaud qui a du chien.
Article écrit par Lune O'Nightley et illustré par Lea Berry