La Gazette du Sorcier - Edition Poudlard12

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

[La plume à papote] Journal d'un Elfe de maison

Journal d'un Elfe de maison


Monsieur mon cher journal,

La SALE ayant été dissoute par manque de membres, les lois sorcières n’étant guère en ma faveur et surtout, vivant auprès d’une maîtresse tyrannique, je n’ai que peu de possibilités pour exprimer mes déboires quotidiens. Tu es le seul qui peut contenir mes malheurs d’Elfe, et rien que pour avoir osé les écrire sur papier, je vais devoir probablement m’arracher les ongles avec un chausse-pied. Ce n’est pas grand chose tu sais. J’ai déjà écrasé mes doigts sous le vaisselier pour ne pas avoir trié les livres de la bibliothèque par ordre inversé de l’alphabet. Tant que mes pansements et bandages tiennent, je profite des quelques instants de répit où ma maîtresse est partie se faire un soin du corps à base de bouse et de Herve pour t’écrire.

 

Jour 1 - Samedi 5 avril. 12h08. Un des nombreux couloirs de Poudlard.

Alors que je me promenais tranquillement dans le château, me dirigeant doucement vers la Grande Salle, un sort venu de nulle part m’a atteinte de plein de fouet. Je n’ai rien vu venir, et je n’ai pu entendre qu’une incantation longue et étrange, ponctuée de sifflements. Un seul mot m’est parvenu aux oreilles « Bizut » avant de sombrer dans l’inconscience.

A mon réveil, j’étais étendue sur le carrelage d’une cuisine sombre et austère. Vêtue d’un vieux napperon à fleurs, je regardais avec effroi mon reflet sur une marmite en cuivre. Mes yeux avaient triplés de volume et mes oreilles bougeaient dans tous les sens pendant que je secouais la tête d’incrédulité devant ma nouvelle physionomie. J’avais bien remarqué avoir rétréci mais quand même.

Mais mon apparence n’était pas mon problème principal. De fait, quelque chose, un puissant maléfice à n’en pas douter, m’obligeait à obéir aux ordres donnés. C’était plus fort que moi. Je devais m’incliner à cette volonté supérieure. Si j’osais désobéir, que ma maîtresse me pardonne pour l’avoir fait d’ailleurs, j’anticipais sa réaction et me punissais moi-même.

La vie d’un elfe de maison est finalement simple, remplie de tâches ménagères diverses et de travaux manuels, ponctués par des ordres ressemblant plus à des aboiements et cris que de réelles paroles et d’éternelles punitions et mutilations opérées soi-même. Toutefois, travailler pour la famille particulière de sorciers où je me suis retrouvée…. Ce n’est pas qu’un cauchemar mais bien l’enfer à part entière pour tout Elfe de maison !

 

Jour 2

Mes corvées s’accumulent de manière exponentielle. Si je n’avais qu’à récurer, dépoussiérer nettoyer, cirer et polir la moindre surface du Manoir, je ne me plaindrais pas. Mais quelle idée d’héberger chez soi un dragon qui se nourrit exclusivement de fromage et plus spécialement de Munster ? En plus l’animal a quelques ennuis de digestion en cette saison et chacun de ses rots offre des relents de fromage empestant l’air qui l’entoure.

Je suis donc chargée de le nourrir, risquant ma vie à chaque fois. Lui, mais aussi les poules mangeuses-d’hommes (des poules modifiées magiquement de manière tout à fait illégale afin de posséder des dents tranchantes, vous lacérant en morceaux si vous osez les approcher), ainsi que les piranhas du salon, dévorant des vaches entières, que je dois porter jusqu’à leur aquarium. Les animaux de compagnie et autres créatures ne sont pas le seul calvaire de mes journées. La Tentacula vénéneuse placée dans l’entrée n’hésite pas à m’attraper les pieds si je ne lui masse pas les tentacules correctement à son goût.

Je suis également en charge des repas de la famille. Rien de bien compliqué, puisqu’il ne s’agit que de fromage. C’est le seul aliment que cette famille de sorciers semble accepter de manger. En tout cas, j’ai l’impression que les pores de ma peau sentent aussi fort que l’eau de Gorgonzola que porte ma maîtresse en guise de parfum chaque matin.

 

Jour 3

Le Manoir familial est décidément bien vaste. Le parc entourant l’imposante bâtisse est encore plus grand, longé par une longue « haie-garou ». C’est un spécimen végétal très rare, qui agrippe tout intrus souhaitant la traverser et la dévore entièrement. Si vous voulez la tailler, il faut attendre les nuits de pleine lune, seul moment où elle somnole suffisamment pour éclaircir ses branches. C’est évidemment moi qui suis chargée de m’en occuper, sur mes maigres jambes d’Elfe. Après mes longues journées, je crains autant les nuits de pleine lune désormais.

 

Jour 4

J’ignorais même que c’était possible d’avoir autant de paires de chaussures à cirer. 273 exactement. Pourquoi en avoir autant ? On a que deux pieds quand même ! En plus les Sorciers, ces êtres bien étranges n’ont jamais remarqué que les magasins leur fournissent à chaque fois une chaussure identique à la première. Quitte à avoir deux pieds, pourquoi ne pas en profiter pour varier et mettre deux chaussures différentes ? La mode provoque des comportements bizarres. Plus je côtoie ces sorciers, plus je me pose des questions sur leur mode de vie.

 

Jour 5

Comme toute vieille famille de Sang Pur qui se respecte, le manoir est rempli de portraits anciens, ronflants allègrement dans leurs cadres. Ils sont toujours propres et nets quand les sorciers les voient, mais c’est parce que les Elfes de maison passent des heures à recoiffer les dames et tailler les moustaches des messieurs. J’ai bien cru devenir folle après les 100 premiers portraits, ceux-ci n’arrêtaient pas de râler, les plus tatillons vérifiant leur coupe de cheveux ou de barbe dans un miroir de poche ou dans le reflet de leur armure. Et c’était évidemment avant de peigner et brosser les chevaux et autres destriers des cavaliers de ces tableaux.


Jour 6

Je pensais déjà avoir touché le fond avec le dragon mangeant du Munster, c’était avant de faire le bain de pied au Roquefort de ma maîtresse. Je pense que j’ai atteint mes limites de savoir-faire d’elfe. Gérer les pieds qui sentent le fromage avec du fromage est purement diabolique et mesquin. Mais c’est une chance aussi. Je crois que je peux battre le record du monde d’apnée en catégorie Elfe de maison. J’ai bien cru m’évanouir plusieurs fois et j’ai hésité à suivre la lumière blanche au bout du tunnel mais un ordre de ma maîtresse m’a ramené sur terre. Son verre de smoothie fraise-camembert était vide et elle voulait que je le remplisse à nouveau.


Jour 7

J’ignore ce qui m’a poussée, mais je me suis enfuie à Poudlard. Je voulais retrouver le château et ses nombreux couloirs. Les conversations d’élèves, ses créatures étranges comme le Calmar géant, ses armures qui jouent à la belote dans un couloir, et son ambiance très particulière me manquent énormément. Je me suis évidemment punie pour cette balade non autorisée par ma maîtresse, mais j’ai savouré chaque instant de répit avant de connaître ses foudres.

Une déception doit être notée toutefois. Malgré mon message de détresse plutôt clair affiché à plusieurs reprises dans le château, seuls deux élèves se sont proposés de m’aider (ou au moins, m’ont demandé si c’était possible de m’aider d’une manière ou d’une autre). Je pense que les élèves de Poudlard sont très peu respectueux et ne se rendent pas compte de tout le travail accompli par les elfes de maison dans ce château. Une mise au point dans leur éducation devrait être imposée !

Ce constat me fait penser de plus en plus sérieusement à changer de carrière. J’ai envie d’ouvrir un club de soutien à tous les Elfes de maison. C’est vraiment dommage que la SALE n’existe plus. Si seulement je pouvais obtenir un vêtement afin de me libérer de cette famille tortionnaire ! Depuis le début de mon travail, je suis au point de rêver d’étoffes et autres tissus, imaginant la texture sous mes doigts, la douceur ayant comme un goût inespéré de liberté.

Je pense que St Dobby m’a entendu. Alors que je terminais ma journée, prête à rentrer dans la niche de chien attaquée par l’humidité qui me sert de logis, ma maîtresse me remit…. Un slip Bob l’éponge. Je n’avais jamais rien vu d’aussi beau. Tellement empressée par la promesse d’une nouvelle liberté, j’ai enfilé le caleçon à la hâte, me pavanant dans ce magnifique bout de tissus bleu avec le motif étrange d’une éponge de mer s’appelant Bob mais peu importe. Je vénérais désormais ce personnage pour la liberté que je venais d’acquérir. 

J’ai plein de projets désormais. Et il faudra attendre probablement un peu de temps avant que je revienne à toi mon cher journal, car j’ai de nombreuses expériences à tenter et puis tu n’es plus seulement le journal d’un elfe de maison. Tu es le journal d’un elfe de maison LIBRE qui n’a plus de comptes à rendre à personne, pas même à Deborah Chloé Parker, ni même à la Gazette du Sorcier où je compte bien envoyer un compte-rendu avertissant tous les sévices subis pendant mon travail d'Elfe de maison...


Article écrit par Nora Bailyn et illustré par Avery Pevensie

Partager : Partage

Commentaires

1. Le 1 mai 2014, par Dalila

"J’ai bien cru m’évanouir plusieurs fois et j’ai hésité à suivre la lumière blanche au bout du tunnel mais un ordre de ma maîtresse m’a ramené sur terre" ça m'a tué !
Ton article vient de me faire prendre conscience de la détresse des elfes de maisons. Tu as triomphé la où Hermione a échoué, haha (mais en même temps ce n'est pas difficile de ne pas prendre au sérieux une sorcière qui se ballade avec des badges dans la poche et qui se fait renier par les elfes eux-même)

2. Le 1 mai 2014, par Sinus

C'est génial ma chère Nora !! <3

3. Le 1 mai 2014, par Flora Delvos

Encore un article génial et très drôle :')
J'avoue qu'être l'Elfe de maison de Deborah ne doit pas toujours être facile, mais maintenant, tu dois être incollable en fromage !

4. Le 2 mai 2014, par Shu

Nora...

Je te plaint sincèrement, pauvre petit elfe !
Sinon superbe article !

5. Le 4 mai 2014, par Ginny Workey

Aha, je me disais bien que ça sentait le rat. Très bon article !

6. Le 14 mai 2014, par Rawen

Tu dois être rat-plaplas maintenant.

Et Flo-rat, je dirais même plus, elle doit connaître tous les fromages Parker ! =°

7. Le 27 mai 2014, par Candice Wara

Bel article pour un Elfe de Maison piégé entre les mains de Deborah! :)
Tu as quand même bien sut tenir sous les ordres de notre Serpentard maline, et cet article en témoigne!

© 2009-2024 Poudlard12.com :: Propulsé par Dotclear