La Gazette du Sorcier - Edition Poudlard12

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[Babillages Inquisitoriaux] To kill or not to kill, that is the question.



Comment un écrivain choisit-il, au terme d'une aventure littéraire, populaire et, on peut le dire, magique, de mettre fin - ou pas - à la vie de ses héros ? Telle est la question que se posent des dizaines de lecteurs, comme certains d'entre vous dans Les différents décès des personnages : pourquoi Maugrey, pourquoi Dobby, pourquoi Fred, pourquoi Edwidge, pourquoi Rogue ? Et pourquoi pas Hagrid, Ron, Harry ? Autant de questions auxquelles J.K.Rowling, dans différentes interview, a répondu.
Pourquoi Remus ? JKR elle-même a confié à Daniel Radcliffe que Remus était destiné à survivre à Harry, à l'époque de sa création (tome trois). Cependant, la trame du tome sept était trop liée à la guerre pour laisser dans l'ombre « l’un des aspects les plus horribles de la guerre, c’est-à-dire comment elle laisse des enfants orphelins de père et de mère ». « Je n’avais pas l’intention de tuer Remus, mais il m’est apparu que sa mort était inévitable ». Pour faire ressentir à ses lecteurs l'ampleur d'un drame qui n'est que trop fréquent dans le monde d'aujourd'hui.
Pourquoi Edwige ? De même que Remus, Hedwige devait vivre. Mais un passage du tome un ayant d'importantes conséquences sur le tome sept l'a forcée à changer d'avis... « J’ai dû travailler dur pour trouver la manière dont le Vif d’Or serait attrapé lors du premier match de Quidditch parce que je savais que cela allait se reproduire par la suite ; à l’origine, et mon éditrice anglaise peut le confirmer, c’est Hedwige qui attrapait le Vif d’Or. Cependant, mon éditrice préférait que je change cela et j’ai pensé "Oh mon Dieu, j’ai du pain sur la planche" . En vérité, c’est ce qui a signé la mort de Hedwige parce que mon idée était que ce serait elle qui ouvrirait le Vif à la fin de la saga étant donné qu’elle avait été la première à l’avoir touché. Mais, en faisant en sorte que ce soit Harry qui s’en empare dès le début, j’ai dû la tuer plus tôt. Je pense que de toute façon elle serait morte au final. »
Pourquoi pas Hagrid ? Pour la scène, presque finale, où il ramène Harry, prétendumment mort, dans ses bras. Une image que J.K.R. s'est imaginée dès les premiers chapitres du dernier tome ; « C’est cette image qui lui a sauvé la vie », affirme-t-elle. Le parallèle, touchant, avec l'arrivée d'Hagrid à Privet Drive au début du tome un a sûrement primé, ainsi que l'émotion de ce dernier retour à Poudlard dans les bras de celui qui l'y avait accueilli pour la première fois.
Pourquoi pas Ron ? JKR reconnaît « avoir sérieusement considéré la mort de Ron », notamment lors du tome quatre, et avoir « pensé qu’elle pourrait punir l’un des membres du trio ». Pourtant, cette décision n'a pas eu, finalement, sa préférence, sans qu'on sache exactement pourquoi : peur d'amputer un trio, décision plus réfléchie ? (Vidéo à ce propos ici.)
Pourquoi pas Harry ? L'explication de JKR se suffit à elle-même, aussi me contenterai-je de la reproduire tout en l'abrégeant légèrement : « Par de nombreux aspects, tuer Harry aurait été une fin plus propre. Je le savais depuis le début. Mais le message principal des livres était que l’amour est la force la plus puissante dans ce monde. J'ai pris comme modèle le personnage de Harry. Je pense que c’est quelque chose d’absolument héroïque, rentrer à la maison après tout ça, ne pas devenir un mercenaire qui continue à vivre comme bloqué dans un état d’esprit de guerre et de danger... être assez fort mentalement, et dans une certaine mesure également physiquement, pour rentrer de la guerre et éduquer une nouvelle génération, transmettre des valeurs qu’on espère prometteuses d’un avenir pacifique. Si je ne l’avais pas fait affronter tout ça, je l’aurais ressenti comme une trahison envers mon personnage.
Bien sûr, c’est un peu un paradoxe éternel. Comme toujours dans la vie, ce qui est en fait le plus intéressant peut paraître légèrement ennuyeux, mais Dieu sait ce que nous serions sans ces gens qui se sont préparés à revenir chez eux, s’occuper de leur famille, reconstruire et aider à reconstruire... Reconstruire est beaucoup plus difficile que détruire. Donc finalement, mon projet de tuer Harry ne tenait pas la route, il était presque lâche. Je voulais montrer un homme qui revenait les mains sales et essayait de participer à la reconstruction. j’aimais cette idée. Et, encore une fois, ça a déplu à beaucoup de lecteurs, mais Dieu sait qu’à cette époque je n’y étais que trop habituée ! »
Eternel dilemme : pardonner à son auteur d'avoir tué ses héros paraît difficile ; mais auraient-ils été des héros sans ça ? N'avaient-ils pas, de par leur mort ou leur survie, un destin à accomplir, un destin auquel on ne saurait s'opposer ? Les sentiments de perte que nous avons ressentis doivent-ils supplanter la réflexion sous-jacente ?

Par Deborah Chloé Parker, illustré par Kate Laflamme.

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Commentaires

1. Le 2 mars 2012, par Cannelle

Ahah je viens de finir Hamlet, je me sens en connecration ! Intéressant cet article, j'ignorais l'anecdote sur la raison de la non mort d'Hagrid. Je continue à penser qu'Harry ne vaut pas Hedwige !

2. Le 6 mars 2012, par Delfius

Superbe article, pour moi le meilleur de ce numéro. Bravo.

3. Le 24 mars 2012, par Kassy Winchester

Il est vraiment génial cet article mais je regrette quand même la mort de Fred, Remus et Sirius...Mais ça fait un bon lien avec Hamlet.

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