Partout où je tournais la tête, mon regard révulsé se heurtait à des visions d’horreur délicieusement morbides. Des primates lobotomisés gaiement se récitaient les suppliques de Roméo et Juliette dans leur version moderne. Des succubes s’arrachaient les yeux devant l’immonde forceps qui s’était pernicieusement infiltré en nous. Et moi, j’étais là. Impuissant tératologue devant ce défilé de tortures réinventées, regardant ces membres greffés sur des êtres ayant désormais perdu toute humanité. Je me débattais inutilement devant l’immuable monstruosité de ces précieux corps, sucés jusqu’à la moelle par une bête cruelle et inceste. Nous avions créé le monstre, et il nous échappait, motivé par de sordides desseins.

J’étais seul, résigné à ne jamais me jeter dans ces fosses mortuaires qui jonchaient mon monde, holocauste de ma personne. C’est là que je l’ai découvert, ce dangereux espoir qui malaxait son sadisme entre mes douloureuses synapses. Atrocement chétif, mais désagréablement présent. Résonnant dans ma tête comme les râles d’une porcine au seuil de la mort. Mourir ne s’apprend pas, mais j’eusse volontiers mis fin à cette ignominie contre nature. Je décidais de lutter, refusant de vendre mon cerveau à ces cannibales abâtardis.

Les singes atrophiés vont et viennent toujours dans ma tête, mais je les émascule un par un, fort de ma conviction malsaine. Je ne suis plus seul à me débattre. D'autres s'arrachent la peau devant cette pluie de sang qui abreuve les mortels. Les kikoulols sont de retour au château, ne les laissez pas nous envahir. La lutte a commencé.