Crokinette jo-liiiie ! Elle entra sur scène, son haut rose à paillettes et sa minijupe verte (on ne renie jamais complètement sa vraie nature !) moulant son corps de rêve, et entama une danse du ventre des plus enchanteresses. Elle accompagnait les mouvements fluides de son corps avec des ponpons d'un rose légèrement plus foncé que son haut. Shake à droite, shake à gauche, voilà CJ partie dans un enchainement qui rend les milliers de personnes venues l'admirer en transe. La danseuse touche à tout charme un public pour le moins hétérogène. De 7 à 77 ans, homme ou femme, slovaque ou hispanique, ils font des centaines de kilomètres pour pouvoir assister au show tout en paillettes de la très jolie Crokinette. Ensorcelés par la danseuse toute de rose et de vert vêtue, les spectateurs deviennent ce que les moldus appellent des « groupies hystériques ».

Toujours dans le feu de l'action, la Gazette est là pour interviewer une bande de groupies. Roulant les yeux, la bave aux lèvres et la voix cassée, elles sont intenables. Le seul son intelligible que nous arrivons à saisir est « iiiih » bien qu'une adaptation en « hiiii » soit tout à fait plausible. Comment vous décrire l'ambiance dans la fosse ? Exprimer un tel chaos semble impossible à première vue.. Nous allons néanmoins essayer, car nous sommes payées pour ça. Filles et garçons jettent leurs sous-vêtements. Beaucoup pleurent, c'est déjà la fin du spectacle. De toutes les gorges monte en coeur un hurlement strident semblable à celui du Férocifère. 

Mais alors que les lamentations atteignent un point insupportable, le rideau fermé jusqu'alors s'entr'ouvre à nouveau ! Oh mes aïeux, quel silence soudain ! Nous apercevons un reflet pailleté sur le parquet vernis.. S'agirait-il vraiment de la dernière représentation de Crokinette ? Elle salue le public envoûté, envoie des baisers pour lesquels les fans s'entre déchirent. A la surprise générale, C. sort de nouveau, les bras chargés de sous-vêtements. Puis se retire. Seule derrière le rideau à jamais clos pour elle, la verte et rose se laisse aller. Et tandis que les lumières s'éteignent, une larmichette perle au coin de son oeil droit. Mais après tout, un courant d'air frais traversait la salle à ce moment-là. 

Les portes s'ouvrent, et les videurs poussent le public au dehors. Ou du moins essayent, car rien ne semble pouvoir empêcher les groupies de quitter leur idole. Les tas de muscles sont assaillis par des fans aux yeux exorbités. Certains commencent à grimper sur la scène pour rejoindre la star. Le rideau rouge, seul obstacle entre le public et l'artiste, est déchiré. Seuls reste quelques lambeaux qui pendent lamentablement au plafond. Mais Crokinette a définitivement quitté la scène par la petite porte, elle qui était entrée par la grande, découverte par la célèbre émission moldue « Etoile pas chère ». 

Notre paillette déchue qui se retire dans sa loge. Elle contemple les affiches exposées et sans un mot, les arrache une à une. Chacune d'elles lui rappelait ses plus grands succès, les plus grandes salles du monde dans lesquelles elle avait joué à guichet fermé, les foules en complète admiration devant son talent, sa garde robe toujours à la pointe de la mode. C'est avec émotion qu'elle se remémora sa première apparition publique. Elle avait 7 ans et déjà ses talents n'étaient plus à prouver. La voix du présentateur résonna dans tout l'amphithéâtre : « Et voici notre première candidate, je vous demande un tonnerre d'applaudissements pour.. Crokinette jolie, digne héritière de ce bon vieux Mickael, dans un autre style peut-être ! ». Elle se rappela avec quelle élégance elle s'était mangé le mur lors de sa première pirouette.. Avec quelle force elle avait pleuré sa race en voyant le sang couler. Sortilège de confusion ?