Toronto, 12 janvier.

Bonsoir,

Cette lettre mettra sans doute un certain temps à vous parvenir. A cause de la météo désastreuse de ces derniers jours, Toronto est sous la neige et je peux vous assurer que c’est la catastrophe. Les hiboux n’arrivent même plus à voler à cause du blizzard. J’ai du louer un phénix postal pour que ce message vous arrive. Maintenant, c’est au hasard que je m’en remets quand au jour d’arrivée de Fred-Louis-Auguste-Ferdinand Groumabaud de la Malaxière Simpleterre (le phénix…).

Ici, au Canada, on passe son temps à manger d’énormes tartines couvertes de sirop d’érable, des crèmes de poulet (c’est de la soupe) et des fèves au lard… j’ai même failli goûter un ragout de pattes de cochons… Côté boissons, le Whisky pur Feu est indémodable, mais la liqueur de bleuet (façon sorcière) et l’hydromel font tourner bien des têtes… J’ai aussi trouvé une boisson moldue nommée ‘Sortilège’… étrange, non ? Je vous jure que je n’en ai pas abusé. Et non, je n’ai pas été ivre morte au point de danser la samba, seule, au milieu de  la route nationale. Non, non, pourquoi vous me regardez comme ça ?

Je vous signale aussi que je suis en ce moment dans un lit dans un cabane à sucre (endroit où ils récoltent le sirop d’érable) et je me remets des séquelles de ma chasse à l’orignal (l’élan, quoi). Alain, un sorcier-bûcheron membre de la S.P.F.C. (Société Protectrice des Forêts Canadiennes), m’a gentiment proposé une chasse à l’élan. J’étais enchantée, croyez-moi bien, j’étais persuadée que j’allais me découvrir un talent caché (hum). Brefouille, on a enfourché nos balais, baguette en main, à la recherche d’un orignal. Au bout de deux heures de fouille intensive de la forêt, Alain a trouvé un ‘Moose’. Il s’est lancé en piqué sur l’animal sur lequel il faisait pleuvoir une ribambelle de sorts. Il les enchaînait si vite que j’en suis restée comme deux ronds de flanc… et que je n’ai pas vu l’arbre en face de moi, surtout. Mon balai s’est écrasé contre le tronc. Je suis tombée, et j’ai atterri sur le dos de l’orignal, qui, il faut vous le dire, ne présente aucune caractéristique commune avec le poney… Bref, la bestiole a pris peur et il s’est mis à galoper dans les bois, avec moi dessus, telle une déesse moldue (hum hum). La chose a couru comme un dératé un bon bout de temps, jusqu’à ce que je me prenne une branche basse dans la figure, et que je sois honteusement désarçonnée… Je me remets lentement de cette cuisante humiliation. Je ne sais si mon amour-propre retrouvera un jour son intégrité ou si je devrai me cacher pour le restant de mes jours.

Hugs mes Pédouzien(ne)s,

Faustine

P.S. : Après Toronto, je vais visiter une autre ville ! Le premier ou la première à la deviner gagnera un cadeau surprise ! Voici un indice : « Je vais dans une ville anglophone… la ville venteuse ! »

Lettre de Faustine, illustrée par Ohara Argetlam